Dans la famille des producteurs recycleurs je ne suis pas peu fière de vous présenter le tout nouveau tout beau projet de recyclage de masques en tissu usagés en… Poufs d’ameublement !
Mais parfaitement, vous avez bien lu : une équipe rennaise de choc et de charme va métamorphoser 72 kilos de masques en tissu usagés en mobilier pour popotins. Le tout entièrement inscrit dans l’économie sociale et solidaire, locale et circulaire : elle est pas belle la vie ?
Du masque au pouf : histoire d’écoconception
En fait, j’ai déjà commencé à vous parler d’un bout de ce projet en décembre dernier. Souvenez-vous : je vous annonçais la mise en vente d’un rembourrage d’ameublement sur le site des couturières masquées. Nous avions créé ce rembourrage à partir des chutes de tissu du collectif grâce à la super broyeuse de l’Atelier commun.
Autant vous le dire tout de suite, nous avions déjà une petite idée derrière la tête… Et oui, à ce moment là, la production de masques en tissu bat son plein dans toute la France. Pour faire face à la pandémie, chacun s’équipe et ceux qui font le choix des masques lavables doivent prévoir à minima 2 masques par jour. Vous le savez, ces masques ont une durée de vie limitée et, aussi durables et écologiques soient ils, ce sont de futur déchets en devenir. La question qui nous triture l’esprit est simple : qu’allons nous en faire ?
Je me souviens qu’à l’époque, j’ai lancé un mini sondage sur Facebook histoire de voir ce que chacun imaginait pour la fin de vie de ses masques. Logiquement, les gens ont pensé au Relais, référent naturel pour le textile usagé. Malheureusement, le Relais n’a pas tardé pas à me le confirmer : ils n’ont pas de filière de valorisation pour ces gisements.
Qu’à cela ne tienne : notre test de broyage est réussi, nous « n’avons plus qu’à » identifier une solutions de décontamination et de ré-emploi pour nous lancer !
Green Cyclette assure la gestion du projet
Vous vous en doutez, ce type de projet demande du temps pour identifier puis coordonner les différents partenaires nécessaires à sa réalisation. Et du temps, nous en manquons tous à ce moment là. Rien de plus normal : le premier confinement nous a demandé une capacité d’adaptation phénoménale et chacun doit à la fois rattraper le retard accumulé, gérer les nouvelles contraintes occasionnées par la pandémie et se démener pour préserver son activité.
De mon côté j’ai décidé de mettre la gomme sur mes activités de coaching écologique et je tiens à ce que mes accompagnements de transitions s’appuient sur des expériences de terrain. Je ne peux certifier que ce projet se réalisera un jour : les enjeux sont de taille et les solutions à inventer ! Mais qui ne tente rien n’a rien, j’adore les challenges, la valorisation textile m’intéresse de près et nos premiers tests sont concluants. Les couturières masquées, la Belle Déchette et l’Atelier commun sont ok : Green Cyclette va mener ce projet à bien !
Décontamination des masques
La première étape clef est la décontamination des masques usagés. A ce sujet, les publications scientifiques sont unanimes : 5 jours d’isolement éliminent le virus à 99,99 %. Pour une élimination à 100 %, nous décidons de doubler cet isolement avec un nettoyage à 60°.
J’entre en contact avec l’Esat de l’Espoir, voisin de la Belle Déchette et de l’Atelier Commun. Je tiens à faire appel à des acteurs locaux de l’économie sociale et solidaire, leur service de blanchisserie est rodée, le projet leur plaît : nous travaillerons ensemble. En plus de la deuxième étape de décontamination, leurs équipes s’occuperont de retirer les élastiques et les éventuelles barrettes de nez des masques. Grâce à eux, les masques seront prêts pour le broyage que j’assurerai moi même à l’Atelier Commun.
Valoriser la bourre d’ameublement
Riche de notre nouveau produit – notre bourre textile – je contacte rapidement plusieurs couturières pour leur demander conseil : quel serait selon elles le meilleur usage à faire de cette bourre ? Margaux, nouvellement installée dans les locaux de comme un établi, teste plusieurs choses. Suivant les besoins de ses clients, elle confectionne des galettes de siège et un repose coude pour prévenir les tendinites des graphistes numériques.
Cependant, le gisement potentiel est important et ces produits demandent trop peu de matière pour l’absorber. Il nous faut continuer à creuser.
Le département d’Ille et Vilaine entre en scène
Si les couturières masquées se consacrent entièrement à la confection de masques, elles n’en n’oublient pas pour autant de communiquer à propos de notre projet, rapidement relayé par les médias. De son côté, le département cherche une solution pour les 50 000 masques qu’ils ont distribués à leurs agents. Naturellement, nous prenons contact.
C’est une véritable collaboration que nous entamons. Très soucieux de la gestion de ses déchets et du soutien aux acteurs de l’économie sociale et solidaire de son territoire, le département est attentif à notre problématique principale : l’usage que nous allons faire de notre broyat de masques.
La mise en vente de notre bourre sur le site marchand des couturières masquées ne remporte pas le succès escompté. De plus, les caractéristiques techniques (composition, poids, entretien) et les coûts de production de ce nouveau produit ne lui permettent pas d’entrer en concurrence avec les bourres d’ameublement déjà présentes sur le marché. Enfin, la commercialisation pour des particuliers demande une logistique et des conditions de stockage que je ne peux assurer.
Le modèle circulaire : la réponse idéale !
Comment transformer vos contraintes en atouts ? Voila bien une question que je pose régulièrement aux personnes que j’accompagne. Ce coup ci, c’est dans ma tête qu’elle tourne cette question. Et un jour, c’est l’illumination !
Il faut dire que mes échanges avec Margaux sont fructueux : de fil en aiguille, nous pensons à de gros poufs : la matière est suffisamment ferme et lourde, ce serait tout simplement idéal !
Ça tombe bien : après plusieurs rendez-vous téléphoniques et échanges de mails, j’ai rendez-vous avec mes interlocuteurs du département. Je leur fais part de mon raisonnement : le département souhaite participer au ré-emploi de ses masques. Pourquoi ne pas imaginer un produit que le département pourra utiliser pendant de nombreuses années ?
Validée par le département, cette réponse est adoptée ! Ni une, ni deux, j’appelle Margaux pour lui proposer de tester la réalisation d’un pouf d’ameublement avec le broyat des couturières masquées. Mi janvier, Margaux a terminé, nous achèterons le tissu nécessaire à la Belle Déchette, notre boucle est enfin bouclée !
De la collecte à la livraison
Dès la rentrée de Janvier, le département a lancé la collecte auprès de ses agents. Selon les premières estimations, l’objectif de 72 kg de masques devraient être atteints d’ici quelques semaines. Après cinq jours d’isolement complet, les masques seront livrés à l’Esat Bel Espoir, puis broyés à l’Atelier Commun pour enfin être transformés en poufs dans l’atelier de Margaux. Le tout soigneusement confectionné dans du tissu acheté à la Belle Déchette ! Date de livraison estimée : fin mai !
D’ici là, je compte bien vous présenter plus en détail les différents acteurs de ce projet, et vous tenir au courant de son avancée !
Pour en savoir plus sur Comme un établi, retrouvez ce précédent article du blog Green Cyclette.
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